On adooooooore la plongée !
Enfin quelques nouvelles après la vidéo que nous avons postée il y a quelques jours. Nous sommes en ce moment à Koh Phi Phi où nous avons retrouvé Nadia, Philippe et Anders des amis et collègues de Flo travaillant à Singapour.
Mais commençons par le commencement. Voilà dix jours que nous avons atterri en terres thaïlandaises après plus de 24h de voyage. A l’arrivée, nous nous posons deux jours dans la ville de Kao Lak, le temps de nous remettre du décalage horaire, nous acclimater à la chaleur extrême (pas moins de 35°C) et à l’humidité, et commencer à savourer les joies de la côte. Mais nous n’avons qu’une envie, enfiler nos combinaisons et partir faire des bulles. Dimanche soir donc, nous embarquons sur le Manta Queen I, un bateau de croisière-plongée de Scuba Adventure. Nous y retrouvons vingt autres plongeurs de tous horizons : polonais, suisses, chinois, malais, finnois, américain, anglais… un sacré cocktail !
On pose donc un premier pas sur le bateau, on abandonne nos chaussures pour les quatre prochains jours, prêts à vivre l’aventure, en maillot de bain toute la journée, les lunettes de soleil vissées sur la tête, les cheveux aux vents tout ça tout ça… et puis pour moi l’excitation se dissout d’un seul coup. Mon instinct de survie m’alerte, me supplie de redescendre, oh malheureuse pourquoi oublies-tu à chaque fois que tu n’es qu’un pauvre marin d’eau douce ! Les relans de fuel, le roulis/tangage/gitage incessant, la moiteur de la cabine, les odeurs de cuisine s’y mêlant… bouark, rien que de vous l’écrire, je sens que mon ventre chavire. La première nuit est un calvaire, j’étouffe dans mon minuscule lit, collé aux parois derrière lequel ronfle le moteur, je me gave de pilules anti mal de mer espérant qu’elles m’assomment et finissent de reprogrammer mon cycle jour-nuit. Rien n’y fait, je me ballade avec mon oreiller et ma couverture dans tout le bateau, toute la nuit… pendant que Flo trouve le sommeil sur le pont à la belle étoile, j’essaie le pont principal, la salle commune, les jambes en l’air, la tête par-dessus sur la balustrade en plein vent… j’ai même songé à enfiler un gilet de sauvetage, m’enrouler dans les cordages et sauter à l’eau pour me laisser bercer par les vagues…. C’est donc les yeux collés, mi-clos et avec l’impression d’avoir été assommés par une pelle qu’à six heure du matin, Marc, notre chef de bord, frais et dispo, met un terme à cette terrible nuit: « waaaaaaaaakkkki waaaakii, shaaaaaaning daay, let’s go diving ! » (Debout les gars, il fait beau, allez gooooo allons plonger !).
Pendant tout le séjour, nous naviguons entre différents sites des îles Similan, Surin, Koh Bon, Koh Chai et Richelieu Rock… le rythme des plongées est de quatre par jour (7h, 11h, 15h, 18h), dans des spots plus beaux les uns que les autres. L’eau est à plus de 30°C, la combinaison est plus pour nous protéger des petites méduses urticantes que pour s’isoler thermiquement. Nous croisons nos amis les nudibranches, tout petits mollusques aux allures de Pokémons que nous traquions déjà en Australie/Nouvelle-Zélande, les poissons porc-épique mes nouveaux petits chouchous, avec leur tête de bébés sortis du nids, les nageoires ondulants dans tous les sens comme des noubards, prêts à gonfler comme des ballons… et puis les tortues, les murènes, les nuées de barracudas, de poissons volants, la chasse des thons… et puis les dangereux poissons roches, poissons scorpions et poissons lions à ne surtout pas approcher. Tout ce beau monde au milieu de murs de coraux multicolores avec une visibilité allant parfois jusqu’à 30m… un régal !
Nous ne sommes pas toujours très abrités par les îles, s’apparentant parfois juste à un caillou au milieu de la mer d’Andaman. Si le temps de surface entre les plongées est la plupart du temps un calvaire pour moi, les remontées n’en sont pas moins périlleuses… imaginez que vous sortez tranquillou-bilou après 50mn de rêve à planer totalement, en surface, vous gonflez votre gilet et le parachute de secours, sorte de grosse saucisse orange fluo indiquant au navire votre position, tout va bien vous faites le signal ok avec vos bras et attendez… ça ballote un peu, les vagues sont pas mal imposantes donc vous gardez votre détendeur en bouche pour ne pas vous noyer… ça serait quand même un peu bête de se noyer à la surface… bon, et puis là, vous fonçant dessus, l’énoooooorme bateau approche. Vous fermez les yeux 2s, calmant votre angoisse de vous faire percuter, ou pire vous faire aspirer sous la coque, tourner-bouler et vous faire trancher comme un concombre par l’hélice que vous redoutez tant… là vous nagez comme un fou pour rester avec le groupe, parce que bordel, c’est super impressionnant !!!!! Mamaaaaaaaaaan, je vais pas y arriver, je vous dis je vais pas y arriiiiver, laissez-moi là promis je suis bien ! Là tu repenses au pauvre petit poisson porc-épique et tu te sens tout pareil, tout con, tout noubard ! On te lance la corde et on te huuuuurles dessus de pas la lâcher, d’enlever tes palmes tant bien que mal alors que ça chahute dans tous les sens, et au bon moment, au feeling, à l’instinct pour ne pas te faire assommer par l’arrière du navire, tu te hisses comme tu peux avec la moitié de la mer piégée dans ta combi, ta ceinture de plomb de 5kg, et ta bouteille dans le dos qui pèse un âne mort… Fiooooouuu… bon, burrrrps, ok on y retourne quand ??!
Dans les petites galères, notre caisson d’appareil photo, tout beau, tout neuf, prenant l’eau à 30m de profondeur… petites frayeurs quand il est impossible de remonter rapidement et que millimètres après millimètres l’eau s’infiltre. Finalement, après quelques resserrages et graissages nous pouvons le redescendre sereinement. Dernier jour, un cadeau inestimable nous attend. On est en surface sur le bateau, la mer est calme, l’eau turquoise, les îles sauvages au loin… le paradis. J’aperçois une large forme noire, un peu fantomatique, ondulant. Prête à détourner le regard, je demande quand même l’avis de Flo… il écarquille soudain les yeux… booooordel c’est une raie manta !!!! On hurle maaaaaaaaaaanta, maaaaaaaaaaanta ! Nous nous équipons tous en à peine une minute, sans respecter les consignes d’usages, de s’attendre tous en surface avant de descendre blablabla… on fonce tous tête la première rencontrer cet ange si rare. Flo coule comme une pierre et arrive très prêt de cette géante des mers. Pour ma part, une otite depuis la veille au soir, impossible de descendre plus bas, la pression est trop forte sur mes tympans… je suis frustrée, je me retrouve coincée à 7m ; heureusement la visibilité est incroyable et je peux suivre tout le monde depuis la quasi surface. Le moment est intense, magique, la raie manta majestueuse semble planer sans une bulle, sans un mouvement, sans bruit… quelle émotion !!!!
Jeudi soir, nous quittons Laura notre guide sud-africaine, nos collègues de plongée avec qui nous avons bien sympathisés et passés de bonnes soirées malgré parfois la barrière de la langue, et nous partons en direction du sud pour la ville de Phuket… le choc avec la civilisation est brutal. Trop de touristes, trop de resorts, de complexes, de boites de nuit… le paysage est bétonné, défiguré. Nous passons notre journée de break enfermés à l’hôtel, retrouver un peu de confort, un vrai lit et une vraie douche, soigner nos oreilles, Flo ayant lui aussi une otite, et commençons à définir la suite du voyage. Nous retrouvons Nadia, Philippe et Anders samedi matin à l’aube au terminal du ferry nous conduisant sur l’île de Koh Phi Phi. Nous étions prévenu, c’est l’île à éviter lorsque nous sommes allergiques au tourisme de masse, mais c’est ici le plus facile pour nous tous. A la descente du ferry, les rabatteurs sont compactés sur le pont, il est difficile de se faufiler dans les rues aux allures de souk marocain… heureusement nous repartons très vite en mer sur un long tail boat, petite barque traditionnelle, voguant avec agilité vers les différents spots de plongée autour de l’île. Nous sommes de nouveau dans notre élément. Mon oreille est toujours enflammée, je ne peux plonger qu’une fois sur les deux, et ce matin, alors que le reste du groupe est redescendu faire des bulles, je me rends à l’évidence et reste à l’hôtel, plus raisonnable pour ne pas me causer des dommages irréversibles.
Nous quittons nos amis cet après-midi, eux repartant pour Singapour, nous continuant notre périple. Nous prenons un ferry pour la ville de Railay, croisant les doigts pour y trouver un peu d’authenticité. Il est vrai que nous sommes un peu déçus car peu habitués au tourisme de masse. Il apparaît difficile de sortir des sentiers battus et se perdre sur un bout d’île déserte ou juste habités par quelques locaux. Nous sommes un peu perdus ne sachant pas quelle direction prendre… peut-être que la Thaïlande n’était pas le bon choix. Venus exclusivement pour plonger, nous attendons que nos oreilles soient totalement opérationnelles, et réfléchissons à refaire soit une croisière-plongée dont le rapport qualité prix est imbattable, ou trouver une île et partir à la journée sous l’eau…
En attendant mille baisers à tous, à très vite
Vos apprentis nomades