Après quelques jours de mission

Namaste,

Je profite d’un jour off pour mettre à jour les news.
Nous avons déjà effectué 4 jours de mission, soit une centaine de consultations. L’équipe est composé de Marianne, médecin-homéopathe-pédiatre ; Xavier, médecin-homéopathe ; Véronique, kinésithérapeute ; Christian, ostéopathe ; Laure, notre secrétaire et moi. Lundi, après avoir trié les 100kg de médicaments, probiotiques, vitamine D, spiruline, homéopathie, matériel médical, pansements … de nos sacs nous pouvons nous organiser avec ce que nous pouvons, délimitons des espaces plus intime pour les consultations et nous répartissons le travail.

Je suis responsable de la prévention mais également des pesées, mesures, prises de constantes, pansements, fabrications des produits homépathique (nous avons environ 50 flacons de solutions homéopathique que nous mélangeons dans les petites fioles de billes de sucres neutres ; un vrai atelier petit chimiste), et distribution des médicaments. La barrière de la langue est le plus difficile, heureusement nous avons quelques traducteurs pour passer de l’anglais à l’hindi ou au bangali. Après des débuts un peu cahotiques nosu arrivons à trouver notre rythme. Nous travaillons de 10 à 19h (même si c’est assez cocasse de devoir finir la journée à la frontale) lundi et mardi pour pouvoir voir un maximum de personnes. Les motifs de consultations sont variés (mal de dos, problèmes ostéoarticulaires, anciennes fractures non traitées, diarrhées, toux chronique…) mais la majorité des adultes reçus sont épuisés ; Marianne inscrit même “usé” sur les dossiers de patients, surtout les femmes. C’est assez déroutant car elles affichent toujours un sourire de façade et en les interrogeant, en prenant le temps de se poser, les écouter, on peut entrevoir la difficulté d’être une femme ici, surtout d’une si basse caste. La plupart ont de l’hypertension qui frôle les 20/10 voire plus, du diabète avec les problèmes vasculaire que cela entraine, de l’hypercholestérol.

Mercredi et jeudi nous changeons de lieu de consultation. Nous partons pour l’école Gangotry sur les Ghat du sud de Varanasi. Un coup de rickshaw-bicyclette plus tard, voici une cinquantaine d’enfants de 3 à 10 ans qui nous accueillent, tout beau, tout briqué, avec leur bel uniforme. On les impressionne un peu, nous et nos blouses blanches, mais après quelques clowneries comme on sait bien le faire, leurs regards pétillants et leurs sourires ne nous quitte plus. Nous avons installé en plus un test de vision dont je suis en charge. Dr Tulsi, le responsable de la mission nous trouve une affiche avec des lettres, mais si les enfants arrivent à les lire fièrement (un petit bout de 5 ans qui me murmure les lettres de l’alphabet avec son petit accent indien c’est trop craquant, surtout quand il me regarde pour attendre mon approbation…) les adultes, n’ayant pas été scolarisé, on biensur plus de difficultés. Ni une ni deux, les professeurs de l’école nous dessine des demis cercles de diffentes tailles dont les patients doivent repérer l’ouverture d’un signe de la main. Ingénieux !

Mercredi, en fin de matinée, nous avons fait un break dans les consultations et en avons profité pour une petite animation de prévention autour du brossage de dents. Après avoir fait la démonstration devant 50 paires d’yeux (et m’être mis du dentifrice absolument partout sous leurs éclats de rire), je distribue à tous ces petits bouts une brosse à dent et un tube de dentifrice. Ils agitent tous leur petite baguette de couleur fièrement, et au top départ me suive bruyemment. On dirait que je donne un court de stretching : « en haut… en bas… on tourne… devant … ! » Je leur dit de se concentrer sur le son de la brosse pour pas qu’il ne se caresse juste les chicos. C’est donc un vrai concert de grillons là bas dedans ! Trooooop chou ! Les enfants sont dans l’ensemble plutôt en bonne santé à part quelques retards de croissance. Ils ont cependant beaucoup de saturnisme, mais à part faire de la sociologie et pouvoir modifier leurs conditions de vie (enfants de bangali, la plus basse des classes, plus basses même que les intouchables, ils vivent pour la plupart sur des chemins de terres entre le Gange et la route, dans les maisons de tôles, à hauteur des pots d’échappements…) il n’y a pas grand chose à faire à part quelques granules d’homéo contre l’intoxication au plomb. Le cas d’un enfant de 5 ans nous inquiète aussi. On lui a diagnostiqué une communication entre les deux ventricules du cœur à l’âge de 4 mois mais rien a été fait ; aujourd’hui il est complètement cyanosé, il respire difficilement, a les ongles déformés… nous attendons l’avis d’un spécialiste et réfléchissions à l’envoyer dans un hôpital de Calcutta, Delhi ou Bombay ou même à Paris. Mais vu l’avancées des signes d’insuffisance cardiaque, il est sans doute déjà trop tard pour une intervention …

IMG_5700Voilà pour le côté boulot. Nos journées sont bien chargées vous l’aurez compris, mais nous trouvons un moment pour faire un peu de shopping et dépenser quelques roupies. En fin d’après-midi, lorsque la lumière rougeoie, que les 30 degrés de la journée nous laisse enfin tranquille, que les mobylette s’éloigne un peu nous profitons d’un petit tchai (thé indien aux épices et lait) sur une terrasse à observer les scènes de vie le long du Gange. Depuis mon retour à Varanasi, je me sens plus sereine, l’agitation ambiante semble s’être apaisée, les odeurs sont moins forte, la saleté moins dérangeante ou en tout cas n’agresse pas le regard à chaque coin de rue. C’est un peu comme si il fallait que je me pose moi même pour que la ville se calme. La première semaine en Inde a été dure, éprouvante, et je gardai en moi la sensation que je détestais viscéralement ce pays… aujourd’hui, même si la barrière culturelle est gigantesque, je me surprend à aimer cette langueur ; et ce Gange qui me dégoutais, à ce je ne sais quoi d’apaisant. A des milliers de kilomètres de mes êtres aimés, alors que la vie en ce moment n’est pas des plus clémentes pour eux, je me sens encore plus loin. Sereine et détendue, j’ai allumé trois petites bougies précieuses dans un bougeoir en cartons au milieu d’œillets d’Inde orange, fleurs sacrées ici, leur ai envoyé toute l’énergie et l’amour qu’il est possible de contenir, et les lâcher au large, flottantes telles des lucioles sur l’eau mystique du Gange… Je vous aime tant …  Fioulala, que d’émotions, j’en ai les yeux qui brillent encore.

Hier soir, nous avons eu une belle surprise. Nous avons été invité à un mariage au centre de femmes Anapurna dans lequel nous feront des consultations d’ici quelques jours. La mariée était une amie de la responsable de ce centre. C’était très coloré, voire kitch, mais tellement Indien. Les filles de l’équipe, nous avons été invité auprès des femmes autour de la mariée, elles nous ont offert à manger, toutes assises sur des tapis dans une joyeuse ambiance. C’était impressionnant d’être là, si étrange à la fois. Un beau moment de partage avec cette famille !

Aujourd’hui, journée repos. Chacun vaque à ses occupations, bouquinent, méditent, se promènent. Je vous embrasse très fort depuis le bout du monde, depuis ce Varanasi que j’ai enfin adopté pour les quinze prochains jours.

N’hésitez pas à parcourir la galerie pour d’autres photos,

A très vite,

Votre Apprentie Nomade

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