En terre de glace…
Bonjour tout le monde,
Enfin des nouvelles de vos nomades. Voilà une semaine que nous avons posé le pied sur la terre de glace, et à mi-parcours, un petit article s’impose !
On pense souvent à vous, en maillot de bain au bord d’une piscine, en short un cocktail à la main, la peau tannée par le soleil, un ventilateur dans les cheveux tout ça tout ça… on grogne un peu avec notre polaire devenue notre seconde peau, nos collants pilou-pilou, nos chaussettes de ski et nos bonnets la nuit, on se dit à chaque fois que le thermomètre descend sous les 5°C, qu’on est un peu inconscients de se faire souffrir comme ça !!!! Vous ne nous plaignez toujours pas ? En effet, vous avez bien raison, parce que l’Islande est vraiment un pays splendide.
Arrivés dimanche dernier, 1h du matin heure locale, après avoir bavés sur l’épaule l’un de l’autre, en quittant l’avion, nous avons le droit à un soleil rougeoyant comme s’il était 8h un matin d’hiver en France. Il fait à peine 6°C … Le lendemain, nous récupérons notre carrosse et partons sur les routes des fjords du nord-ouest du pays. Nous traversons des champs de lave à perte de vue où rien ne semble vouloir pousser. Alors qu’en Nouvelle-Zélande, le végétal était roi, ici tout n’est que minéral. Nous ne nous en rendions pas compte, mais les distances sont immenses, d’autant plus que les routes ne sont souvent que des pistes non goudronnées qui s’amusent à longer chaque fjord.
Nous posons notre tente cette première nuit à l’entrée de la Péninsule de Snaefellsjökull (comme cela se prononce). L’endroit est désert et le camping se résume à une touffe de gazon, un WC/douche sommaire, le tout sur une exploitation agricole avec vue imprenable sur le fjord. Nous sommes seuls au monde, c’est magnifique. Il est 21h mais au vu du soleil qui dessine une ombre minuscule au-dessus de notre tente, notre cerveau semble se dire que nous sommes un peu dérangés de vouloir camper à « 1 h de l’après-midi »… On prépare notre popote, on fait chauffer la soupe et nos fameuses nouilles déshydratées, et on essaye de se faire bailler l’un l’autre pour que vienne le sommeil… En rentrant dans notre campement, fou rire en se demandant où sont nos lampes frontales, il est bientôt minuit et on peut lire comme en plein jour ! On enfile nos masques de nuit, vous savez ce truc qu’on distribue sur les vols long courrier et à chaque fois vous vous dites que vous ne vous en servirez jamais ! Détrompez-vous, car à 2h du matin quand il a un peu glissé, que vous vous retrouvez avec l’élastique en travers des yeux, que vous ne savez plus où vous habitez et que vous avez le malheur d’ouvrir une paupière, au vu du flash qui vous agresse la pupille, vous bénissez ce petit bout de tissu et priez pour que votre cerveau n’ait rien vu. La nuit est interminaaaaaaaable, nous sommes frigorifiés malgré tout notre équipement. Le thermomètre a sans doute frôlé zéro. Tout froissés, nous quittons nos duvets au petit matin… et ce n’est que le début du séjour. On fait l’état de nos comptes, tant pis, le budget logement va exploser, mais tant que nous serons dans les fjords glacés, nous ne pourrons vraiment pas passer la nuit dehors.
La semaine est donc plutôt confortable, et ça fait du bien !!! On avale les kilomètres toujours plus au nord-ouest avec des paysages à couper le souffle, on pose nos affaires plusieurs jours au même endroit pour profiter de belles randonnées à la journée, prendre de la hauteur et atteindre les cascades glacées des glaciers tout autour qui se déversent jusqu’au fjord. En rentrant de nos périples à pied, on prend notre temps, à tremper dans des bassins naturels d’eau chaude avoisinant les 40°C ou, profitons de la chaleureuse salle commune de la guesthouse pour jouer à Splendor, Concept, Monopoly… à disposition. Nous sympathisons avec les propriétaires des lieux, une française mariée avec un islandais, illustratrice de jeux de société qui s’occupe avec toute la famille de la gestion de ce petit paradis. Ils sont quasiment autosuffisants, avec un petit poulailler, une grande serre où poussent brocolis, choux fleurs, carottes… le tout en agriculture biologique ; une petite retenue d’eau dans un bras de la rivière pour les truites, une source naturelle d’eau chaude pour la hot pool mais aussi tout le chauffage du lieu, une source d’eau des glaciers pour le reste, une serre fruitière avec pommiers et cerisiers, chauffée avec la piscine naturelle… Chapeau bas !
Vous l’aurez compris, ce fjord est un vrai cocon, il y a même des petits phoques qui se prélassent sur les rochers à marée basse. Nous décidons donc de partir sur l’eau jouer avec eux. L’air est glacé, l’eau n’inspire pas à la baignade, nous nous habillons chaudement et enfilons une veste imperméable. La mienne est encore trempée… oui son dernier occupant est tombé à l’eau, comme beaucoup… Glouuups, en grimpant dans le kayak, plutôt instable, je répète dans ma tête les consignes : si je chavire, pas de panique, je n’essaie pas de remonter, je nage vers le bord. Dans tous les cas, je ne tomberai pas, il ne faut pas que je tombe, pas moyen que je me transforme en glaçon ! Le flash d’un effrayant retournement de canoé dans les eaux froides de Nouvelle-Zélande me revient, bouarf, pas moyen. Petit à petit, nous prenons nos aises, les petits phoques curieux sortent les uns après les autres leurs frimousses de l’eau, viennent tourner autour de nos embarcations avec prudence. Ils sont joueurs et sacrément mignons !!!
Depuis hier, nous voilà redescendu un peu, nous sommes non loin d’Akureyi, la deuxième ville d’Islande (17 000 habitants, c’est vous dire comme l’île est surpeuplé). Nous avons retrouvé notre tente, il fait toujours aussi froid, voire plus, mais nous essayerons de tenir bon. Au programme pour le reste du séjour, nous allons faire le tour de l’île dans le sens des aiguilles d’une montre, essayer d’aller voir les baleines en mer arctique (et oui, nous sommes décidément proche du pôle), croisons les doigts pour observer des petits macareux, et puis en route pour le sud pour les glaciers, icebergs… avant notre retour samedi !
D’ici là, mille bisous à tous, n’oubliez pas votre crème solaire !
Vos Apprentis Nomades