Quelques nouvelles !

Jambo,

Voilà 10 jours que nous vous avons laissé sans nouvelles mais au fin fond du bush massai ou des crêtes de la vallée du Rift Africain, les connexions téléphoniques et par le net sont inexistantes…

Déjà, une chose super cool que nous ignorions jusqu’alors : la Tanzanie est la terre du dessin animé Le Roi Lion ! Nous avons donc appris plein de mot Swahili déjà connus depuis notre enfance : Rafiki (ami), Simba (lion), Pumba (écorce de graine)… Et le best du best Hakuna Matata qui signifie effectivement sans problème, tranquille, sans souci 😀

Nous sommes ce soir dans les environs du Ngorongoro, dans un très confortable lodge. Demain dernière journée sur le continent nous partons pour Zanzibar le 9 à midi. Alors un petit retrospectif de notre aventure jusqu’ici.

Le 30 octobre, nous nous réveillons tranquillement avec les bruits de la jungle au dessus de notre bungalow, observons les dizaines de petits singes velvet qui s’ebattent devant nous… Notre chauffeur guide pour les 10 prochains jours, Albert, vient nous chercher. Direction le parc national d’Arusha à 2h de route pour un premier aperçu de la flore et faune sauvage. Nous partons à pied dans le parc, nous deux et un ranger… heu… Pour ne rien vous cacher nous ne sommes pas très rassurés en voyant son arme. Je lui demande à trois reprises si son “SMG” est vraiment nécessaire, s’il s’en ai déjà servi. En voyant la moindre grosse bête, comme par exemple un troupeau de buffles (sont pas très commodes ces vaches-là), je me fais préciser la marche à suivre en cas de charge ou de coup de panique : en l’occurence se jeter à plat ventre immobile en espérant qu’ils ne te voit pas en voulant t’embrocher vu que leurs yeux sont excentrés…. Heu vous pouvez répéter un peu ?

Nous surveillons du coin de l’oeil les buffles et nous observons avec délectation les six gigantesques merveilles gracieuses à cinq mètres de nous… des girafes ! Quel bonheur… ! Nous restons presque 1h pour les regarder sans aucun barbelés, grilles ou barrières, en totale liberté ! Je crois bien que c’est là que nous avons pris nos premiers coups de soleil. Le front, le nez, les bras, les doigts, et la nuque de Flo s’en souviennent encore. En fait nous pensions faire une petite promenade de santé, un petit dépatouillage de jambes.. que neni, un bon petit trek de 3h avec un ranger passionné dans la plaine sous le soleil brûlant african ! On en a pelé jusqu’à la pointe des oreilles c’est vous dire !
On a fini la journée en canoé sur le lac Momella. Nous avons surpris avec plaisir des oiseaux, girafes, buffles au détour d’un coup de pagaie et suivi le ballet majestueux de centaines de flamands roses. Nous nous sommes fait grogner dessus par deux hippopotames femelles (dixit nos guides, nous ne sommes pas allés les chatouiller pour savoir) avec un petit. Je leur demande donc si nous pouvons nous éloigner, les guides ne font pas signe de vouloir avancer… Je panique un peu, ça les fait bien rire, forcément. Flo n’en mène pas large surtout quand ils nous disent les voir se rapprocher rapidement. “Ça va vite un hippo ?” je leur demande ; “en 5 mn ils seront là” qu’ils me répondent. Glurps ! Et l’un d’eux ajoute une petite anecdote : “L’an dernier, un hippo a croqué un canoé, il s’est brisé en deux, j’ai du rentrer à la nage avec le touriste”….. Bon moi vous faites comme vous voulez, mais je me casse !
On ne vous fait pas l’inventaire de toutes les espèces que nous avons croisés dans la journée mais nos 300 photos dès le premier jour en témoignerons !

31 octobre, après un bon dodo dans un lodge aux abords d’Arusha, nous passons récupérer le materiel de camping, notre cuisinier David et partons pour 100 km plus au Nord dans les terres massai de Longido.
Ce qui nous a vraiment le plus surpris c’est l’omniprésence des massais, 3 millions (nous qui pensions qu’ils n’en restait qu’une poignée pour le folklore) qui ont conservé leurs habitats traditionnels, ne se vêtissent que de leur célèbre toge rouge, ne se nourrissent que de chèvre, de sang de vache et de lait… Nous croisons des centaines et centaines de massais et leur troupeaux. Ce sont leurs terres.
Pendant les deux jours suivants nous posons notre tente en plein milieu du bush aride et désertique tanzanien, protégés par des barricades de branches d’acacia acérées pour nous protéger des prédateurs comme dans tous les villages alentours, 35 degrés à l’ombre, au milieu de rien ! Sembeke, notre guide massai nous accompagne partout et répond à nos milliers de questions sur la religion animiste, le chamanisme, ses pouvoirs, la polygamie, les croyances, les traditions, les rituels de mariage, de naissance, de mort… C’est juste exceptionnel ce que nous avons vécu ! Nous avons pu sympathiser avec certains massais, partagé un peu de chèvre bouilli. Tout dans une très grande simplicité et douceur. À son tour, Sambeke qui part pour la premiere fois en France pour un mois la semaine prochaine, qui n’a jamais pris l’avion, le metro ou l’ascenseur, la vie occidentale quoi, nous inonde de questions. Quel beau partage et quels éclats de rire ! Inoubliable !

2 novembre, nous quittons le bush ; ou du moins nous essayons. En effet, il pleut sans interruption depuis la veille au soir au grand bonheur des massais qui attendent cette courte saison des pluies depuis plusieurs semaines et n’ont pas reçu une goutte depuis des mois. Nous étions au milieu d’un village et de leur troupeau lorsque les premiers nuages se sont déchirés, quels sourires de soulagement pour tous ! Un beau moment ! Mais donc le lendemain “damned” pour nous : la terre assoiffée a créé des poches de boue et notre 4×4 s’embourbe. Sembeke appelle ses amis massai et c’est plus d’une dizaine d’hommes qui viennent à notre rescousse. Après plus de deux heures nous pouvons repartir ! Direction le célèbre Ngorongoro à plus de 6h de route. Nous montons notre camp au cratère d’Empakai, à 2500m d’altitude, au milieu d’un brouillard à couper au couteau et avec à peine 10 degrés (comment ne pas retomber malade avec de tels changements de température ?). Nous ne tardons pas à nous glisser dans nos duvets au vu des 2 jours de trek qui nous attendent et puis aussi après les recommendations peu rassurantes du ranger qui nous surveille cette nuit : “Lorsque vous sortirez faire pipi cette nuit, pensez à agiter votre torche pour effrayer les léopards potentiels qui pourraient roder autour du camp”… Inutile de préciser que je n’ai pas mis un pied en dehors de la tente avant le lever du jour !

Le lendemain, lever avant la naissance du jour, la brume est toujours omniprésente. Nous commençons par une exploration du cratère avec plus de 300m de dénivelé. La pluie ne veut pas nous lâcher, une heure à peine après notre départ nous sommes à tordre. On se répète que la vie sera plus facile pour les locaux avec des terres moins arides. À l’arrivée au fond du cratère, la nature nous fait oublier le reste : un splendide lac et ses milliers de flamands roses s’y reflétant ! Un pur bonheur !
Après la remontée c’est parti pour 7h de marche avec nos ânes porteurs, toujours sous la pluie, mais en traversant de splendides paysages changeants à une vitesse folle : de la forêt tropicale, des plaines vertes massai, les reflets dorés de la vallée du rift, le volcan des Dieux, les bush d’acacias sous les cendres volcaniques. À l’arrivée à notre camp sauvage avec une vue splendide sur les montagnes du rift, exténués, nous voyons un massai tirant une mignonne petite chèvre avec une corde : “Tiens, voilà le dîner !” lance Flo en plaisantant. En effet, les massai la sacrifient pour le repas. Même s’il faut avouer qu’elle était fort goûteuse, je me serais bien passé du barbecue massai… Pauvre tite biquette !

Le matin suivant, la brume ne nous lâche pas. Nous commençons notre ascension des crêtes des montagnes du rift sur un épais tapis de cendres volcanique : le volcan des Dieux que nous longeons est entré en irruption il y à 5 ans et a tout dévasté sur son passage. Après une heure de marche aveugle, le brouillard se dissipe, un spectacle éblouissant se dévoile à nos yeux : la terre de cendres se révèle plus noire encore, les milliards de touffes d’herbes se couvrent d’or, les saillies des monts que nous parcourons semblent être des pyramides. Les 1100m de dénivelés négatifs qui nous attendent nous offrent une vue à couper le souffle sur le lac Natron et les plaines sans fins jusqu’aux terres du Kenya. C’est sans aucun doute le plus beau panorama qu’il nous ait jamais été donné de voir. Nous en avons les larmes aux yeux.
Arrivés en bas, ravis mais les jambes en compote, nous retrouvons les 35 degrés et le soleil brûlant. La crème solaire ne suffit pas, il nous faut nous couvrir des pieds à la tête pour éviter de rôtir. Après une douche bien méritée (douche ingénieuse avec une petite tente et l’eau chauffée au feu de bois, super luxe), nous repartons pour les cascades d’eau chaudes du lac Natron. Nous n’avons pas de chaussures d’eau. Notre guide massai nous en prête : je vous laisse imaginer mon agilité avec des sandalettes en 42 en escaladant pendant 1h des escarpements rocheux ! Notre guide ne m’a pas lâché la main ! Arrivés aux chutes, quel délice, un vrai jacuzzi naturel avec cascades d’eau douce !

Avant hier, départ à l’aube encore pour 6h de massage africain comme ils disent ici soit 6h de 4×4 sur des chemins défoncés. Notre destination est le parc national du Serengeti, grand comme la Belgique. Notre camp est au milieu de la savane, aux abords du parc. Splendide !

Hier, journée safari. Nous nous levons aux premières lueurs du jour, la savane est encore rougeoyante. Nous sommes heureux de voir que le parc n’est pas délimité par un grillage, les animaux vont et viennent comme ils le souhaitent. C’est seulement une zone où toute construction humaine est interdite. Il n’y a rien d’artificiel, juste des plaines, lacs, clairières et rivières naturelles traversés par des chemins de terre. Les paysages sont tout simplement magiques. Nous sommes le seul véhicule tout au long de la matinée à part à deux endroits d’observations où cela fait un peu embouteillage. Même si les animaux sont impressionnants ce n’est pas notre plus grand plaisir de rester dans une voiture. Mais ici les safaris à pied sont interdits, bien trop dangereux ! En effet nous pouvons voir de très près une famille de guepards, des groupes de lion, de buffles, des dizaines de girafes et d’éléphants de phacochères, des hordes d’hippopotames, des crocodiles, des milliers de zèbres et gnous… et tout pleins d’oiseaux, de Zazu du Roi Lion, de vautours …. les hyènes nous n’entendrons que leurs cris dans la nuit attirés par l’odeur de notre camp… Brrr.

Et j’ai oublié de vous parler de ma phobie plus que maladive des moustiques, ce qui fait bien rire les tanzaniens qui nous accompagne, un peu moins Flo. Nous sommes en zone 3 de paludisme. Jusqu’alors nous avions toujours voyagé dans des zones 2 et pris le même médicament. Bref, ici, à partir de 17h dès que le soleil commence à faiblir je me couvre jusqu’aux oreilles et me bombarde d’antimoustique. Notre chef de camp a biensur bombé la tente ; il le sait sinon je le harcèle. Une nuit sur deux je cauchemarde et imagine être piqué ; quand je le suis je panique “un peu” et guette d’éventuels signes (même si je connaît très bien le temps d’incubation) ; enfin en phase de demi sommeil je peux me réveiller d’un bond m’asperger d’antimoustique, ouvrir d’un seul coup le sac de couchage de Flo et lui bombarder les jambes… et ne plus m’en souvenir. Ou encore la dernière en date, toujours semi comateuse, bondir de mon duvet, debout au dessus de Flo, la lampe frontale vissé sur le sommet du crâne, le réveiller en panique, l’éblouir et lui demander la posologie de la Malarone, traitement antipalu, persuadé que nous devrions en prendre deux et pas un seul depuis le début… lui demander enfin de me trouver la boîte pour que je puisse relire la prescription. Être infirmière me rend décidément bien hypocondriaque.

Enfin aujourd’hui, traversée du Nord au Sud le Serengeti sans fin ! On ne se lasse pas de ces plaines à pertes de vues, ponctuées de milliers de gnous, de zèbres et de gazelles de Thomson. Nous surprenons des lions en plein festin la tête dans les entrailles d’un gnou, assistons à la procession cadencée et légère d’un groupe d’une quarantaine de girafes, nous laissons porter par cette ambiance de savane aride.
5h de voiture plus tard (les distances sont juste gigantesques et la route est mauvaise, en témoigne les 8 camions ou 4×4 qui ont crevés tout le long) nous arrivons au cratère du Ngorongoro, 8ème merveille du monde, une arche de Noé, un jardin d’Eden. Le volcan qui s’est collapsé il y a des millions d’année à laissé un trou fertile de 300km carré où plusieurs centaines de milliers d’animaux sauvages sont naturellement protégés. Un paradis, vraiment ! Nous surprenons au loin deux rhinocéros, encore des repas de lion à la panse traînant au sol tellement ils s’en sont gavés, des singes (dont un qui a voulu rentrer dans la voiture)… Encore une belle journée.

On vous embrasse très fort. On espère pouvoir trouver des connexions plus fréquentes pour des nouvelles plus régulières.

Mille baisers du fin fond de l’Afrique,
Vos apprentis nomades

Envoyé depuis mon HTC

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.