Retour à Varanasi

Namaste,

Voilà déjà quelques jours que je vous ai laissé sans nouvelles. Il est temps de rattraper mon retard. Par quoi commencer ?

Quand je vous ai quitté, nous partions de Siliguri où nous retrouvions les parents d’Enora, et rejoignions Makaibari, un village minuscule de la région du Darjeeling où nous avons logé chez l’habitant. Ce village fait parti d’un programme écosolidaire où les plantations de thé sont biologique depuis des décennies, où un dispensaire avec médecine homéopathique est gratuite pour tous les villageois, où les bénéfices du à l’accueil de touristes dans les familles est à 80% reversé aux hôtes eux-même. Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à faire un tour sur http://www.vesta-project.com.

A quelques kilomètres de la frontière népalaise, les visages se sont foncés, les yeux sont plus bridés, les sonorités musicales ont changé, la langue hindi a disparu et on parle ici le nepali. L’impression saisissante d’avoir traversé la frontière.

Répartis par deux, dans trois familles différentes, nous avons logés dans leurs petites maisons modestes et avons pu partager avec eux de très bon moments : danses et chants tous ensemble avec une petite improvisation de « Oh happy day » qu’ils ont repris avec nous, ballade avec certains de nos hôtes dans les plantations de thé, visite de la fabrique de thé de la région, apprentissage de quelques recettes de cuisine notamment les chapati, sortes de galette de farine cuite dans les braises dans un four en sable, partage de repas en se racontant nos vies et en s’extasiant de nos différences… d’incroyables souvenirs teintés de simplicité et de chaleur humaine !

Après cette parenthèse de deux jours hors du temps, nous retournons dans le bruit, la foule et la pollution en décidant d’atteindre Darjeeling à 30km de là. Nous avons pris le « toy train », minuscule train, tout étroit, longeant la seule route et les vallons parsemés de thé. La brume est épaisse, nous ne pouvons que deviner le paysage et le train qui fait en moyenne du 10km/h ne se lasse pas de klaxonner pour éviter les voitures qui dangereusement, traversent à chaque virage sur ses rails… Au bout de 3h, nous avons du perdre à peu près 10% d’audition, mais nous sommes contents d’être enfin arrivés. Nous enfilons une polaire car mine de rien à plus de 2000m d’altitude, les poils des bras se redressent ! En se faufilant dans les ruelles escarpées, nous rejoignons notre hôtel aux airs de chalets de station de ski. Avec son salon avec terrasse panoramique avec vue imprenable sur la chaine himalayenne, canapés confortable, petit poele à bois c’est un vrai délice ! Nous profitons de ces deux jours pour nous perdre dans les rues de Darjeeling, faire le plein d’épices et de bijoux aux airs tibétains, visiter les monastères et temples bouddhistes, faire une petite randonnée à la lisière des bois avec une vue majestueuse sur les sommets de l’Himalaya enneigés. Bref, vous l’aurez compris un pur bonheur.

Et puis maintenant, la minute de la poisseuse. Et oui chers amis, la sorcière qui a décidément bien lancé son sort, s’acharne. Nous nous renseignons dans un office de tourisme de la ville pour avoir un plan de Darjeeling et demandé les possibilités pour redescendre dans les plaines jusqu’à l’aéroport de Siliguri deux jours plus tard. En effet, ma mission commençant le 9 février à Varanasi, je pensais repartir le matin même pour prendre mon avion en début d’après-midi. Ce programme aurait été bien trop facile… L’hôtesse nous annonce qu’une grève générale est annoncée pour la journée du 9 et que toute la ville sera paralysée sans taxi, sans jeep, sans commerce d’ouvert, absolument rien. Nous vérifions l’information à trois reprises et devons nous résigner à accepter la réalité… la malchance s’abat encore sur moi. Lasse et à la fois un peu dépitée, je prépare mon retour, imagine repousser mon vol, partir dans la nuit pour profiter le plus possible de ma belle-sœur adorée… mais finalement, je dois repartir le 8 en plein milieu d’après-midi, à l’arrière d’une jeep collective, tassée dans le coffre pendant plus de 3h de bosses, virages, trous. J’arrive à mon hôtel non sans mal, passe ma nuit plutôt sereine en me disant que j’allais retrouver la fine équipe des docteurs le lendemain…

… bien sur c’était sans compter sur cette mauvaise étoile qui ne me quitte jamais. 11h du matin, avec deux heures d’avance j’arrive à l’aéroport de Siliguri, enregistre mes bagages et récupère ma carte d’embarquement. Sachant que j’avais une correspondance de deux heures à Calcutta, je m’inquiète de n’avoir qu’un billet… enregistré jusqu’à Calcutta. On m’annonce que ma correspondance est annulée ! Bah tiens, il ne manquait plus que ça. Je ne vous cache pas que la coupe commence à être pleine, à ce moment là c’est carrément une piscine à débordement ! Je serre les dents, ravale mes larmes et file en salle d’embarquement. Arrivée à Calcutta, je me jette dans le cybercafé de l’aéroport pour éviter les rabatteurs qui me harcèle, arrive à contacter mon amoureux et sa sœur qui tente de me trouver un hôtel pour la nuit. Premier essai, le désastre, le môtel ressemble à une prison sans fenêtre où les matelas crapouillous s’entassent dans le couloir, où les piles de vaisselles jouent aux équilibristes dans tous les recoins et où blattes ont élu domicile. Depuis l’autre bout du monde, mon cher et tendre me réserve une belle nuit de princesse dans un hôtel plus haut de gamme où je peux enfin faire une pause et refaire tomber ce stress qui commence à sérieusement gâcher mon voyage. Merci mon amour !

Hier, j’arrive dès l’aube à l’aéroport de Calcutta, l’hôtesse m’annonce que deux vols ont été regroupés et qu’au lieu d’une heure prévu, le vol durerait presque 4h… à ce stade là on pourrait dire que ça me glisse dessus, plus rien de m’étonne, quasiment rien ne m’agace, j’accepte les aléas de cette Inde surprenante dans tous sens du terme, j’accueille chaque nouvel événement comme un signe supplémentaire de cette malédiction des transports qui ne me quitte pas et puis voilà. Nous faisons donc un arrêt d’une heure dans une ville au nom emblématique à ma situation actuelle : Lucknow, je crois que ça ne s’invente pas ! Espérons que cette ville me porte chance.

Finalement tout est bien qui fini bien, hier, 16h heure locale me voici à Varanasi entouré de toute la fine équipe de médecins, pédiatres, kiné et ostéopathe qui m’accueille avec un beau collier de fleurs ! Nous sommes logés dans une petite guesthouse au confort sommaire, mais nous avons investis dans un peu de vaisselle en plastique, des tabourets, des bougies et tentures à quelques roupies pour nous sentir chez nous pour les trois semaines à venir.

Aujourd’hui, premier jour de boulot. Nous avons commencé par un meeting à l’association DEVA avec le président indien, Dr Tulsi. Nous avons tracé le programme, triés les 100kg de médicaments et matériel médicaux ramenés de France et Belgique, délimités les espaces de consultations avec un beau tas de bric à brac et des rideaux, organisés les passages et les soins… nous nous en sommes plutôt pas mal sorti. Le programme s’annonce intense même si nous avons prévu quelques jours off pour la visite de temples, passage dans un centre ayurvédique, retraite de quelques jours dans un ashram pour faire le point.

Je vous laisse pour ce soir, ma lessive m’attend et les yeux commencent à se faire lourd, c’est que j’ai bossé moi !

Je vous embrasse très fort, vous me manquez tellement, j’ai l’impression d’être parti depuis une éternité !
Pleins de baisers du bout du monde

Votre Apprentie Nomade 

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